L'orientaliste Jacques Gaffarel et le monde souterrain A défaut de pouvoir consulter " Le monde sousterrein " de Jacques Gaffarel annoncé dès 1654, on peut dresser un portrait de celui qui, sa vie durant, amassa des notes en vue d'un projet encyclopédique sur les " Grottes souterraines ". Né en 1604 à Mane, près de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), Jacques Gaffarel commence ses études sérieuses à Apt, puis part à Valence et enfin à Paris où il conquiert le titre de docteur en droit canon, entre dans les ordres et devient prêtre, puis prieur du prieuré de Ganagobie (Alpes-de-Haute-Provence). Mais la théologie ne l'intéresse que comme introduction aux langues orientales. Gaffarel est avant tout un orientaliste qui connait l'hébreu, bien entendu, mais aussi le syrien, l'arabe et le persan.

Dans ses études sur l'Orient, Gaffarel se passionne pour les livres de magie et d'alchimie. En 1629, il publie un ouvrage qui consacre sa réputation : " Curiosités Inouyes sur la sculpture talismanique des Persans, horoscope des Patriarches et lecture des étoiles ", ouvrage qui fait grand bruit chez les théologiens de la Sorbonne. En effet, le livre fait l'objet d'une censure et son auteur d'une condamnation. Mais Gaffarel a des amis qui fort heureusement lui évitent des ennuis, car les bûchers de l'Inquisition ne sont pas encore éteints. Avec ses amis, Gassendi et Peiresc, Gaffarel sera l'un des ardents défenseurs de Galilée.

De 1626 à 1633, Gaffarel vit en Italie, on le trouve à Venise où il est attiré par la facilité des acquisitions des livres ou manuscrits précieux. Il est notamment le commissionnaire de Richelieu.

Vers la fin de sa vie, il continue d'amasser des notes et prépare toujours des publications, dont une Histoire du monde souterrain, sujet qui le préoccupe depuis de longues annnées, car il ne veut pas seulement décrire les grottes et les cavernes de l'époque contemporaine, mais écrire leur histoire.

Ses voyages lui ont permis d'accumuler quantité de documents qu'il a l'intention d'intégrer à son livre. Afin d'assurer le succès de son ouvrage, il compose, avant de le donner au public, ce que l'on appelle aujourd'hui un prospectus d'imprimerie. Malheureusement, le hasard a voulu que seul le prospectus soit conservé. Le manuscrit a probablement été détruit ou égaré.

Le titre complet de l'ouvrage annoncé en 1654 est :

" Le monde sousterrein ou description historique et philosophique de tous les plus beaux antres et de toutes les plus rares grottes de la terre : voûtes, trous, caves, retraites cachées, et tanières secrètes de divers animaux et peuples inconnus ; abysmes, fondrières et ouvertures merveilleuses de montagnes ; fosses mémorables et minières célèbres de toutes sortes ; villes sousterreines ; cryptes ; catacombes ; temples taillez dans le roc ; puits et fontaines prodigieuses ; souspentes de roche ; cisternes et bains creux et généralement de toutes les cavernes, spelunques et cavitez les plus renommées du monde, et de tout ce qu'elles ont de plus curieux, par le sieur C. (sic) de Gaffarel ".

Le livre est partagé en cinq parties dont les titres, tout aussi longs, montrent que Gaffarel semble avoir épuisé son sujet encyclopédique.

En 1681, quand il meurt dans son château de Sigonce (Alpes-de-Haute-Provence), le livre n'est toujours pas publié, pourtant Gaffarel a envoyé son manuscrit à deux de ses amis, mais il n'a jamais été retrouvé...

Référence bibliographique :

GAFFAREL Paul (1903-1904) - Jacques Gaffarel (1601-1681). Annales des Basses-Alpes, t. XI, pp. 374-406, pp. 463-491, pp. 501-536.