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Les "caves de Sauge" et le tourisme sauvage

 


Un pèlerin à la recherche de Margot Une lettre du curé de Thorigné mentionne pour la première fois en 1701 les " caves de Sauge " , ainsi qu'un culte voué au démon. La fréquentation de la grotte par un grand nombre de personnes émeut les autorités ecclésiastiques.

En 1777, le vicaire de Thorigné précise que " la curiosité porte plusieurs personnes à visiter des grottes, ce qui rend le sentier qui y descend battu comme un grand chemin " . Les caves étant visitées très fréquemment, de nombreuses personnes y trouvent la mort ; car la grotte présente quelques dangers pour des pèlerins mal équipés.

a) Les dangers des caves à Margot

Il est évident que la notoriété de la grotte et sa surfréquentation par des gens qui ne connaissent rien au monde souterrain sont les principales causes des accidents. Les pauvres gens, qui apportent leur poule noire à Margot, n'ont pas le sou pour payer un guide dont ils n'auraient nullement besoin d'ailleurs, puisque leur but avoué est la rencontre solennelle entre eux et Margot…

b) Un vœu pieux : la fermeture des caves

Au XVIIIe siècle, les religieux de la Chartreuse du Parc d'Orques, propriétaires des caves, en firent fermer l'entrée, mais le mur de pierres sèches destiné à fermer la cavité étant continuellement démoli avant la fin des travaux, les religieux ne purent jamais véritablement fermer les caves et empêcher les adeptes de s'adonner à Margot .Départ pour une visite sauvage dans les caves à Margot au XIXe siècle

c) Le temps des torches et des flambeaux

Depuis le XVIIIe siècle, seuls les curieux fortunés peuvent s'offrir la visite des cavernes réservées à un tourisme d'élite. Les récits des visiteurs, guidés par le meunier de la Roche Brault, attestent de la réalité sauvage de la caverne. Les imprévus et les dangers, telles que les chauves-souris qui font irruption dans un " bruit de roulement de voitures ", ne sont peut-être qu'une mise en scène. " notre guide lui-même eut quelque peine à reconnaître la voie (...), trois ou quatre fois il nous arriva de retourner sur nos pas " . Il est évident que le guide tente de justifier une prestation en rapport avec les dangers de la caverne.Le "tourisme des horreurs" dans les caves à Margot

En effet, tous les tours sont permis pour offrir au curieux le souvenir d'un voyage merveilleux, on n'hésite pas à vendre l'écho de la grotte au moyen d'un " coup de pistolet " ou à leur faire écouter " le bruit du vent " qui parcourt la grotte . L'attitude des visiteurs affichant ouvertement leurs sentiments devant un danger plus imaginaire que réel constitue un mode particulier de visite appelé " tourisme des horreurs " . Les guides répondaient ainsi au goût, aujourd'hui inavoué, des amateurs de cavernes et de sensations fortes. Au début du XIXe, les guides de la grotte du Hölloch en Suisse, faisaient sentir " le vent des grottes " à leurs clients. En Belgique au trou de Han, on tirait des coups de fusil dans l'ouverture de la grotte pour faire entendre les détonations dont l'écho se répétait longtemps dans la cavité.

d) La caverne romantique

Feu de fagots dans la cave de RochefortDepuis le début du XIXe siècle, la cave de Rochefort est régulièrement visitée. L'éclairage, assez sommaire, n'est pas sans dommage pour la caverne : les feux de broussailles allumés à l'intérieur des salles, ont fini par en noircir les parois : " on remarque quelques monceaux de cendre et de feuillages à demi brûlés, reste des feux que les étrangers y allument quelquefois pour jouir du spectacle de la grotte " .

La guerre de 1870 marque la fin des visites sauvages dans les grottes de Saulges, des promoteurs avisés vont aménager l'espace et les cavernes : le tourisme est désormais l'affaire d'investisseurs.

e) L'aménagement des cavités touristiques

En 1872, les premiers aménagements sont entrepris dans la cave à Margot par le duc de Chaulnes qui réalise d'importants travaux de terrassements et découvre de nombreux vestiges préhistoriques qui feront de lui le précurseur, ou plutôt le promoteur des fouilles archéologiques à Saulges.

La même année, M. Léveillé, tenancier de l'hôtel de la Cave-Margot à la Roche-Brault, commence, dans la cave de Rochefort le percement d'un tunnel qui porte encore son nom, pour déboucher trois ans plus tard dans une autre partie de la cavité.

Les deux grottes de Rochefort et Margot bénéficient de la manne touristique, dynamisée par l'attrait de deux grottes maintenant concurrentielles, la plupart des touristes visitant les deux cavités. Le pluriel, autrefois usité dans " les caves de Sauge " , vocable qui, à l'origine désignait seulement " les caves à Margot", se trouve repris pour les besoins de l'exploitation touristique dans l'appellation actuelle : " les grottes de Saulges ".